Le magot by Earle Basinsky

Le magot by Earle Basinsky

Auteur:Earle Basinsky [Basinsky, Earle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Google: COnitgAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1955-01-14T23:00:00+00:00


Chapitre IX

La matinée était bien avancée quand je sortis de chez moi. L’appartement commençait déjà à sentir le renfermé, l’odeur des pièces qu’on n’habite plus. Jane, au moins, faisait le ménage en rentrant du travail. Il allait falloir déménager ou trouver quelqu’un pour venir épousseter une ou deux fois par semaine.

Dehors, le soleil se donnait un mal fou pour filtrer à travers des nuages gonflés de pluie. Avant de m’aventurer sur le trottoir, je m’arrêtai une seconde pour repérer le flic chargé de me filer. Assis dans une Buick noire, rangée de l’autre côté de la rue, il s’efforçait de ne pas se faire remarquer, mais un regard furtif de mon côté l’avait trahi. Merde alors ! à quoi pensaient-ils, à la police, d’envoyer des cloches pareilles ! Il passait à peu près aussi inaperçu qu’un zigue complètement mâchuré au beau milieu d’un congrès antialcoolique.

Après avoir roulé sur une centaine de mètres, je m’arrêtai pour manger un morceau, à une dégustation de biftecks hachés. Tout en buvant ma seconde tasse de café et en fumant ma troisième cigarette de la journée, je réfléchis à ce que j’allais faire maintenant. J’irais voir Kay Stevens. J’avais comme une idée qu’elle parlerait. Surtout quand elle saurait que j’étais au courant de toutes ses folles dépenses.

Je réglai mon petit déjeuner, regagnai ma voiture, m’assis au volant et pris la direction de South Euclid Street. Un coup d’œil dans le rétroviseur m’apprit que mon suiveur était fidèle au poste.

Heureusement, je trouvai à me ranger presque en face de chez Kay Stevens. Je levai les yeux vers ses fenêtres. Les stores étaient tirés.

Je montai et frappai à la porte. Pas de réponse, mais je pouvais entendre marcher la radio dans l’appartement. Je frappai plus fort. Toujours rien. Il me vint alors à l’esprit qu’elle était peut-être dans une autre pièce donnant sur le couloir ; les appartements de South Euclid Street n’étaient pas pourvus, généralement, de salles de bains privées. Les cabinets se trouvaient au bout du couloir. Je frappai. Pas de réponse. J’ouvris la porte par acquit de conscience, mais à part la cuvette des cabinets, un lavabo, un vieux tub rouillé et les inévitables relents nauséabonds, la pièce était aussi nue et aussi glaciale qu’un igloo esquimau.

Je retournai à l’appartement 2 B et frappai encore. Plutôt que de continuer à m’user les phalanges, je décidai de risquer le coup. Au point où j’en étais, je pouvais bien me permettre d’ajouter une effraction à mon pedigree ! Mais la porte n’était pas fermée à clé. Je me glissai à l’intérieur, et la refermai derrière moi.

Ce que je vis me cloua sur place.

Kay Stevens gisait, grotesquement vautrée sur le plancher, comme une poupée de son éventrée. Sa robe de chambre lavande bâillait jusqu’à la taille, laissant voir un sein complètement nu.

On l’avait étranglée.

Je m’agenouillai près du cadavre pour contempler ses traits convulsés par la terreur et je m’aperçus alors qu’on lui avait serré autour du cou un soutien-gorge dont le tissu avait profondément pénétré dans les chairs tendres.



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